Il faut de l’amour de soi


J’entends souvent dire : « Il faut de l’ego pour réussir dans la vie. » Il y a confusion : pour bien vivre, il faut de l’amour de soi, et c’est très différent. L’ego est une image de nous-mêmes, fausse et réductrice, avec ses peurs, ses angoisses et ses certitudes. Il est le fruit de notre éducation et de la société, et il constitue un rempart nous empêchant de toucher à notre essence, à ce souffle qui nous anime.
Patricia Darré 

 

L’ouvrage du temps


On a souvent parlé, dans l’histoire des arts, de la facilité avec laquelle de grands artistes exécutaient leurs ouvrages, et on en a cité qui savaient allier au travail le désordre et l’oisiveté même. Mais il n’y a pas de plus grande erreur que celle-là. Il n’est pas impossible qu’un peintre exercé, sûr de sa main et de sa réputation, réussisse à faire une belle esquisse au milieu des distractions et des plaisirs. Le Vinci, peignit quelquefois, dit-on, tenant sa lyre d’une main et son pinceau de l’autre ; mais le célèbre portrait de la Joconde resta quatre ans sur son chevalet. Malgré de rares tours de force, qui, en résultat, sont toujours trop vantés, il est certain que ce qui est véritablement beau est l’ouvrage du temps et du recueillement, et qu’il n’y a pas de vrai génie sans patience.
Musset

 

Le Buveur d’absinthe


Baudelaire est niché dans un recoin du cerveau de Manet et tient quelquefois son pinceau. Du « Vin des chiffonniers » de l’ami fardé, il tire son « buveur d’absinthe »
De sa déchéance naît le tableau de la misère répulsive d’une bohème qu’il aime et redoute à la fois.
Sophie Chauveau